26 octobre 2010 par 4mic4
Nous étions dans la jolie ville de Montluçon pour prendre possession d’un trésor : ma petite-fille qui souhaitait venir passer la semaine de vacances scolaires chez nous. Mes enfants avaient fait la moitié de la route, nous l’autre moitié, mais avant de repartir pour faire chacun plus de 450 km se pose la question de savoir où nous allons trouver de l’essence. Ma belle-fille est la débrouille personnifiée et surtout, elle sait programmer un GPS. Elle nous emmène à une première station, entièrement fermée. Nous poursuivons notre route, la deuxième
station est la bonne. Elle manque de sans plomb 95 mais il nous faut les uns et les autres, du gazole. La station affiche la couleur : pas plus de 30 litres par véhicule et jerrycans interdits.
C’est le moment de placer le couplet du civisme. Ou plutôt de l’incivisme. Nous sommes dimanche, demain tout le monde devra rouler pour aller travailler. Des personnes âgées et/ou malades comptent sur leur infirmière, leur aide-ménagère. Et la fille qui est devant nous s’en fout complètement. Elle nous bloque pendant pas loin de 10 minutes, passant plusieurs fois sa carte bancaire pour obtenir un maximum de carburant et elle n’oublie pas, avant de partir sous les huées qu’elle accueille avec le sourire, de remplir un jerrycan.
Imagine-t-on pareil comportement ailleurs ? Ce régime du “chacun pour soi” finit être lassant. Cette indisciplinée m’a rappelé le bon temps de mai 68 où lorsque je rentrais de travailler par l’un des rares trains de banlieue encore en circulation, je trouvais mon supermarché dévalisé alors qu’il était approvisionné régulièrement. Le gérant avait fini par nous prendre, moi et mon gros ventre, en pitié et me mettait de côté produits laitiers et légumes frais. Lui aussi a fini par mettre des pancartes afin que l’achat d’un simple litre d’huile ne devienne pas un parcours du combattant.
Je ne sais pas ce qui étonne le plus les étrangers quand ils parlent de la France et surtout des Français. Mon mari, Allemand, est habitué à une certaine éducation et même après presque 30 ans de séjour, s’étonne encore
de beaucoup de nos comportements. Les Anglais disent que la France serait un pays formidable sans ses habitants – je leur retourne le compliment. Les Américains nous voient comme des gens cultivés, mais allez voir une grève là-bas, ce sont 15 manifestants qui représentent toute une catégorie de mécontents et tournent avec des pancartes devant un édifice public. Des débordements ? N’y pensez même pas !
Bref, le bordel c’est chez nous, c’est ici qu’on ne sait pas discuter entre patrons, gouvernement et syndicats et surtout qu’on ne sait pas terminer une grève parce qu’on n’a pas obtenu satisfaction.
Oui les gens ont de quoi être mécontents, mais ces opérations au coup par coup ne peuvent rien amener de bon et pendant ce temps-là, la pénurie continue.

La baie de Rosas, en Catalogne
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